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Croisière à la voile en Antarctique

Publié le par Jean Paquet

L'Antarctique est à la mode, des milliers de touristes s'y rendent chaque année. Mais la plupart le font sur de gros bateaux de croisière. Moi, ce que je recherchais c'était l'aventure, retrouver l'esprit des grands découvreurs : Amundsen, Cook, Charcot... Je suis parti sur Podorange un voilier de 20 mètres. Ce n'est ni des vacances, ni un voyage, c'est une expédition vers les terres les plus isolées, les plus froides, et aussi les plus belles du globe.

Vous trouverez ci-dessous : un montage photo / vidéo, quelques photos et le récit complet de ces 28 jours de mer. (croisière réalisée en Février 2014)

Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique
Croisière à la voile en Antarctique


Samedi 1er février

Arrivée à Ushuaia après 45h de voyage (vols et transit Genève -Amsterdam -Buenos Aires-Trelew-Ushuaia) Accueil par Carlos, tour de ville. Déjeuner deux énormes sandwiches au poulet / salade excellent vins Chardonay, Cabernet. Visite du musée maritime / antarctique. Dîner avec la famille de Carlos.

Dimanche 2 février

Le matin ballade sur les collines au dessus de Ushuaia. Visite du musée de la prison. Déjeuner au restaurant : la viande de bœuf argentine est succulente, les portions énormes.
14h30 rendez-vous sur le ponton de l'Afasyn Yacht Club de Ushuaia, embarquement sur Podorange, installation dans les cabines. Présentation de l'équipage Brice le skipper, Corinne son épouse et John.
Les passagers Yann, Philippe, Pascale, Bérangère, Quentin, Sophie, Philippe-tresor et Cath. Bonne nouvelle, qui va rassurer Anne-Laure, Quentin est médecin urgentiste (habitué aux interventions en milieu isolé, Afrique ...)
Découverte du bateau sur lequel je vais vivre pendant 28 jours. 67 pieds, 45 tonnes, mât de 26 mètres, 180 mètres carrés de voiles.
L'équipage a déjà fait l'avitaillement 1800 litres de gas-oil, 1200 litres d'eau douce et toutes les vivres pour 12 personnes pendant plus d'un mois.
Dîner à bord arrosé de Torrrontes. Je ne vais pas tarder à découvrir que les repas à bord sont TRÈS importants. L'exercice physique et surtout le froid aiguisent l'appétit.


Lundi 3 février

6h30 réveil, petit déjeuner, formalités de sortie d'Argentine à la Prefetura Maritima de Ushuaia.
11h30 appareillage au moteur. 12° C, pas de vent, pas de vagues, beau temps. Dans attente de la fenêtre , nous nous dirigeons vers Puerto Williams. La fenêtre c'est une période de trois jours de calme dans la ronde incessante des dépressions sur le Drake.
Après 30 minutes de navigation des manchots de Magellan suivent le bateau. Déjeuner sur le pont, vers 14h petite pluie. 15h ajout du yankee 2 pour booster un peu la vitesse.
Tout au long de la navigation sur le canal de Beagle, nous devons très régulièrement communiquer par VHF avec les postes de contrôle de l'armée Chilienne et Argentine (qui s'ignorent l'un l'autre).
Arrivée à Puerto Williams (Chili) pas de ponton : nous nous amarrons sur une épave. L'intérieur de l'épave comporte un bar mythique, le bar le plus austral du monde : le Micalvi accueil chaleureux, déco incroyable en ce lieu, accès wifi et deux douches chaudes (dernière vraie douche avant un mois). Formalités d'entrée au Chili.
La ville de Puerto Williams compte 2200 habitants dont 80 % de militaires. Le super mercado est une minuscule épicerie, le magasin de vêtements présente quelques rares échantillons de la mode des années 1950. Puerto Williams est la ville la plus australe du monde.
19h30 sur le bateau : Briefing sur la vie à bord, l'organisation des quarts, la sécurité et le mal de mer. Pour la traversée du Drake nous ferons des quarts de 2 heures, suivis de 6 heures de repos. Chaque groupe de quart sera composé d'un membre de l'équipage et de 2 équipiers. Mon rôle sera de surveiller les icebergs et glaçons qui peuvent être nombreux dans la deuxième partie du Drake (des blocs de glace qui peuvent être petits en surface, mais très gros sous l'eau). D'aider au manœuvres de voiles et éventuellement de barrer.


Mardi 4 février

Essayage des tenues et réglage des gilets de sauvetage. Alternance de soleil et pluie très fine, température agréable 13 °C pour l'air et 12°C pour l'eau.
En vue du passage du Drake qui est confirmé pour un départ demain, J'ai fait un essayage avec pour le haut : 3 couches de vêtements polaires puis la doudoune, le goretex et enfin le ciré, pour le bas : 2 paires de chaussettes, collant, pantalon et enfin pantalon en ciré, et bien sûr les bottes, la cagoule et le gilet de sauvetage. Il faut un bon quart d'heure pour s'habiller !! Ah oui j'ai oublié il faudra les gants en polaire plus les sur-gants en caoutchouc et les lunettes de ski lors des tempêtes de neige. On termine par le gilet de sauvetage et la longe qui permets de rester en permanence attaché à l'alignement de vie.
10h45 appareillage. Navigation au moteur plus grande voile (2 ris). Nous sommes entourés d'un pod d'orques qui jouent autour du bateau, l'un d'entre eux frôle presque notre coque. Manchots de Magellan, cormorans, albatros à sourcils noirs, ibis à tête noire et dauphins de Commersson sont aussi nos compagnons du jour. Nous nous dirigeons vers la sortie du canal de Beagle. Vers 14h je prends la barre, pendant les 10 premières minutes je n'arrive pas a maintenir le cap, puis en utilisant les repères visuels plutôt que le GPS je m'améliore. Je n'ai pas mis mes gants, je commence à avoir les doigts qui s'engourdissent, un thé bien chaud, quelques carrés de chocolat et un morceau de kouglof me réchauffent bien.
La radio nous informe que le port de Ushuaia (que nous avons quitté hier) est fermé pour cause de vents trop forts! C'est la règle dans ces contrées la météo ne reste jamais stable longtemps.
Vers 16h changement de temps, grosse pluie.
Arrivée vers 17h à Puerto Toro sur l'île de Navarino, la communauté habitée en permanence, la plus australe du monde. En cette période de grandes vacances il ne reste que 7 personnes (nous en rencontrons 4). Sinon environ 40 pêcheurs vivent ici. Petite église et sanctuaire.

Mercredi 5 février

Hier la météo était épouvantable pour le passage du Drake, il en sera de même demain! La seule fenêtre de départ est aujourd'hui en début d'après-midi. Au réveil soleil radieux, mais à 9 Heures c'est la tempête de neige, puis de nouveau le soleil. Petite rando à terre. Midi dernier repas à bord au calme. Mise en place des équipes de quart. L'équipage fera des quarts de 3 heures suivies de 6 heures de repos. Les passagers, nous ferons des quarts de 2 heures suivies de 6 heures de repos. Avec Yann mon Co-loc. de cabine, nous prenons le nom de quart ALBATROS. Nous assurerons les les quarts de 15h à 17h, puis de 23h à 1h et enfin de 7h à 9h.
Le quart NOÉ est assuré par Bérangère et Pascale
Le quart TRÉSOR par Cath et Philippe "trésor"
Le quart MOBBY DICK par Quentin et Sophie
Philippe tout seul jouera le rôle de joker pour replacer les malades.

15h30 appareillage, l'aventure en haute au delà du Cap Horn commence. "Accroche toi Janot"!
Notre premier quart commence sous un soleil magnifique, pas de vent : départ au moteur de Puerto Toro.
Dès la sortie de la baie bien protégée le vent souffle, et nous prenons notre premier grain. De la grêle qui vient piquer comme des épingles les quelques parties de nos visages qui ne sont pas sous les lunettes, cagoules... tout le monde est à la manœuvre nous hissons la grand voile puis le yankee 2, les grains de pluies glaciales se succèdent alors que vent forcit et la houle augmente au fur et à mesure que nous rapprochons du Cap Horn. A 17h je suis à la fois frigorifié, trempé, content que le quart se termine et un peu inquiet pour le quart de 23h. Je mange quelques fruits secs et une tartine de gruyère avant d'aller me coucher alors que la mer ne cesse de grossir. Très fortement secoué je m'endors profondément. Vers 21 h réveil en urgence le bateau vient de se prendre une énorme déferlante et la tartine de gruyère veut ressortir, j'ai juste temps de me précipiter sur un sceau pour vomir, dans une semi inconscience je laisse tomber un gant polaire dans le sceau ... après un moment je parviens à me ré-endormir. Mon mal de mer n'aura duré que quelques minutes, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Ce petit incident me rappelle que j'ai des bracelets anti mal de mer. Je les mets à mes poignets... Et je n'aurai plus aucun souci de vomissement pendant toute la traversée.

Jeudi 6 février

0h20 réveil (me sachant malade l'équipage n'est pas venu me réveiller pour le quart de 23 heures, pas plus que mon Co-équipier qui est beaucoup plus malade que moi. Je vais aux toilettes, et dès mon besoin effectué (avec des oscillations incessantes du bateau de +/- 15°) je n'ai qu'une idée en tête : retrouver la position horizontale dans ma bannette bien chaude. Mais dans la coursive je croise Brice le skipper qui me dit de Corinne est seule à la barre (tout le monde est malade ou bien dors) il ajoute que cela me ferait beaucoup de bien d'aller prendre le frais, de lui tenir compagnie et de l'aider. Pour m'encourager il me dit que le ciel est magnifique. Un quart d'heure plus tard j'avais réussi malgré les mouvements intempestifs du bateau à enfiler tout mon équipement, et je m'extrayais avec beaucoup de difficulté du cockpit (manque de souplesse!) et j'attachais ma longe à la ligne de vie. C'est le noir absolu, tout autour de nous un ciel noir, chargé de pluie et au milieu une grande et magnifique trouée, pleine d'étoiles comme je n'en ai jamais vu. La Croix du Sud, la voie lactée, Orion...je n'ai pas vraiment le temps de profiter du spectacle 10 minutes plus tard, le vent a changé, les ordres commencent arriver "Jean il va falloir border la grand voile", allume ta frontale, prends la manivelle de winch, défait le tour de securité, parfait, vas-y mouline, encore, encore, ne t'arrête pas, stop, vas à gauche donnes du mou au bout jaune et blanc, re-fixe le au taquet, reviens border encore la grande voile ... Ce sont mes premières manœuvres en haute mer. Je reste sur le pont jusqu'à 2h30 du matin. La température de l'eau a baissée à 6°C, l'air doit être à peu près a la même température. Lorsque je retourne me coucher, je suis très content de cette sortie qui a presque totalement fait disparaître mon mal de mer. Un thé chaud et quelques bouchées plus tard, je dors de nouveau.
Nous sommes passés au large du Cap Horn sans le voir.
6h30 nouveau réveil cette fois pour aller prendre le quart de 7heures. Bonne surprise le bateau est tout calme, le vent est tombé et le moteur tourne. Le quart est très cool (calme mais frais, très peu de pluie, je rentre sec) pendant un long moment 3 albatros suivent notre bateau et nous font une démonstration de vol plané. C'est magnifique.
Sieste, repas léger, sieste.
Le quart de 15h se fait dans une mer calme, avec une seule manœuvre de voile.
Le quart de 23h est encore avec le grand calme, navigation toujours au moteur et grand voile. Le ciel est totalement bouché.

Vendredi 7 février

A minuit la nuit s'est enfin installée, pas une seule étoile, il est impossible de différentier le ciel de la mer. Je prends la barre pour 50 minutes. C'est vraiment impressionnant de barrer cet énorme voilier, 45 tonnes, mât de 26 mètres de haut, 180 m2 de voile, au milieu du Drake, dans le noir absolu et avec plus de 2000 mètres d'eau sous les pieds. (Et la tête en bas par rapport à vous qui êtes bien au chaud en France)
1h00 le quart est terminé, je suis gelé, j'avale un thé chaud, avant de me glisser avec plusieurs couches de vêtements dans ma couchette. Il doit faire environ 10°C dans la cabine, je n'arrive pas à m'endormir à cause du froid. (En fait c'est le début de mon rhume et la fièvre que j'ignore)
Le quart 7h -9h est plus agréable, mer calme (trop calme nous naviguons à voile + moteur) . Je tousse de plus en plus et le mal de gorge se mets en place.
Le quart 15h -17h est totalement à la voile, le vent à nettement forcit, nous prenons un ris. Il neige un peu le froid commence à venir. La température de l'eau à beaucoup baissée 3°C.
Le quart 23h-1h est assez calme mais je suis gelé, au retour dans le cockpit, je tremble et n'arrive pas à me réchauffer.

Samedi 8 février

Réveil à 6h30, la fièvre s'est installée je ne suis pas en forme, je prends un Doliprane et me fait remplacer pour le quart de 7h et de même à 15h.
L'eau est maintenant à 2°C, la mer est calme nous sommes au milieu de l'oeil d'une dépression. Cette nuit va être sportive nous allons simultanément, arriver sur le plateau continental, dans la zone à icebergs et croiser la partie active de la dépression. Les vents sont annoncés à 50 nœuds pour cette nuit, le Capitaine, change notre route et nous évitons ainsi le très très gros temps.
Aujourd'hui c'est l'anniversaire de mon coloc Yann 51 ans.
Je suis un peu plus en forme, et j'assure Le quart de 23h, il a neigé peu de temps avant, le pont est très glissant, mais il ne fait pas trop froid. Les winchs couverts de neige donnent lieu à une superbe photo.

Dimanche 9 février

Le quart de 7h -9h se passe en totalité sous la neige, le masque de ski est fort utile. Le GPS nous dit que nous sommes à proximité (8 km) de la première terre Antarctique : l'île de Smith, malgré ses sommets de plus de 2000m nous ne voyons rien. La visibilité est de quelques centaines de mètres. A proximité immédiate du bateau un phoque puis un groupe de manchots viennent nous accueillir. La neige cesse de tomber.
9h45 enfin une éclaircie et une première découverte des magnifiques sommets enneigés de cette très grande île. Après 4 jours de haute mer, cela en mets plein les yeux, des montagnes à vous couper le souffle.
Rapidement nous croisons de gigantesques icebergs, il est évident que nous sommes entrés dans le royaume de la démesure.
Le quart de 15h a 17h est une navigation de rêve soleil, nuages magnifiques, nous longeons les falaises abruptes de Deception Island qui plongent dans la mer.
18h30 : Après 99 heures de navigation en haute mer, nous avons parcouru 627 miles, à une vitesse moyenne de 6,23 nœuds. Nous avons battu le record de lenteur de Podorange sur ce parcours!
Nous arrivons au mouillage à Deception Island, nous sommes dans les îles Shetland du Sud. Le mouillage est à l'intérieur du cratère de ce volcan actif (dernière éruption en 1963. L'île comporte plusieurs stations de surveillance et d'étude du volcan, ainsi qu'une ancienne station baleinière. Apéro et excellent dîner d'anniversaire pour John et Yann.
Enfin une nuit complète sans avoir à se lever pour assurer les quarts, et sans être secoué.

Lundi 10 février

Réveil à 7h30. Préparation pour la première Rando en terre Antarctique, sandwiches, gonflage et mise à l'eau du Zodiac. Bien que notre mouillage soit à l'abri bien au fond du cratère, la mer est suffisamment agitée pour que l'embarquement en Zodiac soit assez sportif. Dès les bottes posées sur la plage noire, composée de cendres volcaniques, nous réalisons que le volcan est bel et bien actif : odeur de soufre et fumeroles sont bien présentes.
Après quelques pas nous croisons une première otarie, qui manifeste bruyamment sa désapprobation de nous voir empiéter sur son territoire. Nous passons devant la base Argentine, puis nous nous éloignons de la plage en remontant le long d'une vallée. Après une heure marche nous voici au sommet. Le panorama est magnifique, en contre-bas la pleine mer, et sur la partie basse de cette pente enneigée, abrupte que nous allons devoir descendre, nous percevons le but de notre sortie : une colonie de plusieurs dizaines de milliers de manchots à jugulaire. Nous nous arrêtons à une vingtaine de mètres des premiers manchots pour déguster nos sandwiches, le vin blanc et le thé chaud. Je passe deux heures sur place en allant et venant seul au milieu de cette colonie, il me suffit de m'assoir, sans bouger sur un rocher, pour que 5 minutes plus tard je sois entouré de manchots, les plus téméraires venant jusqu'à 50 centimètres. Sous mes yeux les parents nourrissent les jeunes de l'année. Les "poussins" sont déjà aussi gros que les adultes, ils n'hésitent pas à bousculer les parents pour pouvoir plonger leur tête à l'intérieur du gosier de papa ou maman et récupérer du krill. Les jeunes commencent à perdre leur duvet gris clair et à acquérir leur plumes noires. Les parents ont le plus souvent deux petits. Les Skuas (rapaces) sont toujours aux aguets et les jeunes manchots les plus faibles deviennent leur pitance. Ils sont aussi appelés labbes bruns ou oiseaux pirates (ils volent la nourriture de tous les autres oiseaux).
En bord de mer, une zone de rochers, qui ne plongent pas de manière abrupte, sert d'aire de mise à l'eau et de retour pour la pêche en mer, que les manchots pratiquent,en groupe. Le ballet de ceux qui partent et ceux qui reviennent est incessant.
Retour au bateau. Pour la première fois depuis le départ nous pouvons prendre une "rapide et mini" douche chaude, c'est un moment très agréable. Mon rhume n'est pas encore passé, j'ai toujours de la fièvre.
Nous passons une seconde nuit au mouillage dans le cratère de Deception Island.

Mardi 11 février

4 heures du matin, départ, je suis réveillé par le bruit de démarrage du moteur, mais je me rendors immédiatement.
Toute la journée sera sans aucun vent et avec un soleil radieux (mais pas chaud)
10h30 nous sommes tous sur le pont deux baleines à bosse, viennent jouer avec notre bateau durant une demie heure, c'est un ballet superbe. Ces monstres de 15 mètres de long et de 35 tonnes, dansent, frôlent le bateau, soufflent bruyamment.
L'essentiel de la journée se passe dans le carré (navigation au moteur) tri des photos, rédaction du journal de bord, lecture.
20 h face à l'île "two Hummock" une dizaine de baleines à bosse se donnent en spectacle, lumière fabuleuse, falaises de glace bleue, tombant à pic dans la mer.
Le premier lieu de mouillage envisagé n'est pas possible, la baie est encombrée par un assez gros iceberg et de nombreux growlers.
21h30 mouillage sécurisé dans un cadre féerique au pied des falaises de glace de l'île "Two Hummock". Les séracs dans les glaciers sont d'un bleu électrique.
Dîner poisson vin blanc.
Je m'endors en pensant aux baleines qui rodent autour du bateau.



Mercredi 12 février,

Les baleines sont toujours aux alentours. Pendant toute la journée le temps sera gris mais sans pluie, ni grand froid. A proximité immédiate de "Two Hummock" nous débarquons en Zodiac sur l'îlot "Hydrurga rocks" trois heures de randonnée en terrain mixte, neige, un peu de glace et rocher. Je souffre du mal de terre, j'ai l'impression de marcher sur une planche à bascule. L'ascension jusqu'au petit sommet de l'îlot est en neige, au milieu de centaines de manchots à jugulaire. Un nid de Skuas / labbe brun avec un poussin est installé au milieu de la colonie de manchots. Ensuite descente vers l'autre versant : dé-escalade en neige et rochers assez abruptes; avec les cirés de voile et les bottes la progression n'est pas très rapide, mais de l'autre côté nous trouvons, des phoques de Weddell, des phoques crabiers, des otaries par dizaines.
De retour au bateau à 14h30, Brice nous a préparé de délicieuses quiches lorraines à la crème, lardons... Et comme toujours de bonnes bouteilles de vin argentin aujourd'hui un Shirah-Bonarda. Le repas terminé je suis de vaisselle, puis sieste, tandis que nous naviguons vers Enterprise Island. Je me réveille de ma sieste, ma montre indique 7 heures, je mets un certain temps avant de réaliser qu'il est 19 h. Notre rythme de vie par ces longues journées avec une clarté 22 h sur 24 est perturbé.
19h30 arrivée au mouillage à Enterprise Island, Gouvermoren Harbour. C'est l'un des mouillages les plus célèbres de l'Antarctique, nous nous amarrons sur l'épave d'un bateau usine à baleines norvégien (incendie en 1913). Nous observons les sternes antarctiques ( à tête noire) et des sternes arctiques à tête grise (la plus grande migration qui soit, chaque année d'un pôle à l'autre !). Nous sommes littéralement entourés de glaciers.
Dîner darne de saumon, riz, compote de légumes, plateau de fromages, corbeille de fruits, et comme à chaque repas le Capitaine sort un nouveau vin (ce soir un Chardonay de Mendoza).
Fin de soirée autour d'un verre de rhum, à regarder les photos.

Jeudi 13 février

Réveil 8h. Surprise John en combinaison de plongée revient d'une petite plongée en apnée. Je n'ai aucune envie de le suivre dans cette eau à 1°C. 9h30 par un temps gris nous embarquons sur le Zodiac qui nous dépose sur Enterprise Island. Pendant 3 h Rando jusqu'au sommet, la pente très raide est dans une neige compacte, qui permet une bonne accroche, les bâtons aident bien à la progression. Le sommet à environ 200 mètres d'altitude offre un point de vue à 360 °. Magnifique vue sur la Péninsule et à l'opposé sur l'immense Île Brabant. Vue sur Podorange amarré au Gouvermoren.
Retour au Zodiac avant le retour sur Podorange un petit arrêt sur l'îlot de Pythia nous permets de voir deux épaves de baleinières. Il est impressionnant de se dire que c'est à bord de ces minuscules barcasses en bois que se pratiquait la chasse à la baleine, au harpon. Les marres d'eau sont peuplées de krill, d'oursins, de bernicles ...
Pendant que le Zodiac ramène 5 personnes à bord de Podorange, je reste sur l'îlot avec Yann, Bérangère et Philippe. Nous passons le quart d'heure d'attente en élaborant le plan de survie que nous pourrions mettre en œuvre si le Zodiac ne revient pas : igloo, feu avec le bois des baleinières, chasse à l'otarie, récupération et filtration du Krill dans les mares d'eau ...
13h retour au bateau, dès 13h15 il neige abondamment.
Quatre énormes pizza (dont 3 sans tomates) nous attendent avec deux bouteilles de cépage Bonarda, Norton. Dessert : fromage blanc, compote de pomme, sirop de mélasse.
14h15 appareillage sous un temps glacial, chute de neige. Je reste à siroter un café alors que Yann va à la barre. Nous continuons dans le détroit de Gerlach.
Mouillage a l'Ile de Cuverville. Colonie de quelques dizaines de milliers de manchots Papous.
Rituel quotidien de l'apéro : coppa, rhum ...
Dîner rôti de porc, arrosé de Killka Cabernet-Sauvignon

Vendredi14 février,

Bon anniversaire Hélène ! Tu dois être au milieu des mimosas de Saint-Raphaël tandis que j'observe les manchots sur les glaces antarctiques. Seuls quelques degrés nous séparent!

3 heures du matin, nous sommes réveillés, par un iceberg plus gros que notre bateau. Porté par les courants il est entré dans la baie et il vient caresser notre coque. L'équipage le repousse et change le mouillage.

10h le Zodiac nous dépose sur l'île de Cuverville. Temps gris. Après un peu plus d'une heure d'observation des manchots papous, j'entreprends avec John et Bérangère l'ascension très raide du sommet de l'île que nous atteignons après environ 1heure de marche; panorama époustouflant sur le continent Antarctique, les îles de Brabant, d'Anvers, de Cuverville et le détroit de Melchior. Être là, seul (avec John, et Bérangère), face à cette immensité de neige et de glace, à plus de 1000 km de toute ville, c'est mon extraordinaire cadeau de Saint-Valentin.
Dans le tout début de l'ascension avant d'avoir atteint la neige, je marche par mégarde à proximité d'un nid de Skuas, avant que je ne me sois aperçu de quoi que ce soit, le rapace s'abat sur moi en m'attaquant du bec. Je déguerpis à toute vitesse.
Retour au bateau Estancia Mendosa Merlot-Malbec avec spaghettis aux avocats, salade de fruits.
14h nous quittons Cuverville sous la neige qui commence à tomber. La manœuvre est très délicate, car la baie est totalement remplie d'icebergs. Nous croisons des phoques crabiers qui se prélassent sur les innombrables blocs de glace.
17 h après une courte navigation nous atteignons le mouillage Skontorp dans Paradise Bay. Arrivée sous la neige, accueil par une baleine à bosse.
Dîner crevettes au gingembre , ail, 5 baies... Légumes, plateau de fromage et yaourts. Vin blanc cépage Torrontes.

Samedi 15 Février,

Au réveil, forte chute de neige, visibilité nulle, impossible de sortir de la baie dans de telles conditions. Nous découvrons la dureté des conditions météo de ce continent. Nous restons à bord, écriture, tri des photos, nous faisons tourner le générateur et le désalinisateur d'eau de mer.
11 heures je m'habille pour sortir sur le pont qui est recouvert de 5 cm de neige, la neige continue de tomber, tandis que la mer commence à se prendre en glace autour du bateau (eh oui, nous sommes bien en plein été antarctique). Magnifiques photos!
Déjeuner : Syrah Benjamin Nieto Senetiner (Mendoza) rôti de porc froid, salami, salade de pommes de terre, fromage.
13h30 il fait un temps toujours très gris, mais la visibilité s'est améliorée, il ne neige plus. Nous levons l'ancre et Podorange se fraie lentement un chemin à travers une gigantesque débâcle de glaçons. Nous croisons un gigantesque iceberg, nous estimons les dimensions à plus de 100 mètres x 50 mètres sur 20 mètres de haut. Manchots, otaries.
Pluie, neige, vents puissants.
Arrivée au mouillage à Port Locroy. Pour la première fois nous ne sommes pas seuls, un voilier anglais PELAGIC est déjà ancré. Durant la nuit je suis réveillé par les grondements d'un gros bloc de glace qui tombe du glacier tout proche. Plus tard au petit matin arrivera un bateau de croisière.
Dîner : Cabernet-Sauvignon Cafayate 2013, poulet rôti, pommes de terre, crumble aux fruits.
Soirée lecture. La bibliothèque de Podorange est très bien fournie, essentiellement avec des livres sur l'exploration et la faune de l'Antarctique.

Dimanche 16 février

Après le petit déjeuner je m'habille chaudement sur-pantalon, polaire, Goretex ... Pour aller faire quelques photos sur le pont. Il fait un froid glacial. Mon rhume est enfin presque terminé.
Port Locroy, l'île Goudier ... Toute cette région a été découverte et cartographiée par Charcot.
Seconde mini douche chaude du voyage, quel plaisir!
11h45 nous partons en Zodiac pour 2 h de visite au musée de Port-Locroy cette ancienne station baleinière norvégienne, puis base scientifique anglaise est maintenant transformée en un petit musée ouvert chaque année pendant les 4 mois d'été. Il retrace les conditions de vie très rudimentaires des scientifiques qui menaient ici des campagnes de 2 ans. Une petite échoppe pour les touristes et le bureau de poste le plus austral du monde sont aussi installés dans ce minuscule bâtiment en bois. Le tampon des cartes postées ici aura une grande valeur symbolique.
14h retour au bateau Portillo Sauvignon blanc, gambas, boulgour, dessert.
18h départ en Zodiac pour l'observation des manchots papous. Ils sont ici plus en avance que à Cuverville, les juvéniles commencent à se regrouper et à s'approcher de la mer, sans toutefois commencer les plongées. De très nombreux adultes sont en pleine mue. Rares sont ceux encore entrain de couver. Tout près du rivage sur un gros glaçon, j'aperçois le mythique phoque léopard. Quelle vilaine tête !
Toutes les 5 minutes des grondements énormes se font entendre, des blocs de glace se détachent du glacier situé de l'autre côté de la baie. Lorsqu'un bloc beaucoup plus important tombe, c'est une énorme vague qui traverse toute la baie.
20h sur Podorange nous accueillons pour l'apéritif, tout l'équipage (1 skipper, 1 marin, 2 cinéastes) du voilier PELAGIC et Sarah une des quatre gardiennes du musée de Port Locroy. L'apéritif dure jusqu'à 23h, Brice nous a préparé un super punch au rhum. Sarah nous raconte les épreuves de sélection pour venir passer les 4 mois d'été comme bénévole dans ce bureau de poste du bout du monde. Le cinéaste anglais nous raconte sa vie, les 4 mois qu'il passe ici pour tourner pour la BBC un film sur les pingouins (il sera diffusé en fin 2014 sous le titre "penguin post office"
23h dîner Fat Bastard Pinot noir, gratin de poisson et courge

Lundi 17 février,

Départ de Port-Locroy, vent glacial venant du Sud, temps gris visibilité très réduite. Deux kayaks naviguent sur la baie. Nous empruntons le canal Peltier, traversons Bismark strait, empruntons le Butler Passage, et enfin le célèbre canal de Lemaire. La visibilité s'est améliorée. L'entrée du détroit de Lemaire et le canal lui même comptent parmi les plus beaux paysages que je n'ai jamais vu. Le détroit, long de 7 km fait seulement 400 mètres de large et est entouré de sommets allant jusqu'à 1 100 mètres. On croirait être face à des sommets de l'Himalaya qui auraient été posés sur la mer. Des glaciers énormes tombent directement de 1 100 mètres dans la mer. L'entrée du détroit est obstruée par de nombreux et gros glaçons. L'endroit mérite son surnom de "Kodak Valley". A la sortie du détroit nous arrivons dans un autre endroit magique "le cimetière aux icebergs" Nous mouillons dans la baie de la Salpétrière (ainsi nommée par Charcot) également connue sous le nom de cimetière aux icebergs. Sur un espace, assez réduit, s'entassent des dizaines d'icebergs.
Repas Buffet
15h nous débarquons sur l'île de Booth, sur le lieu même ou Charcot a hiverné avec le FRANCAIS en 1904. Aucun vent, il fait très doux et même sans ciel bleu, la luminosité est très agréable. Nous visitons les quelques vestiges, un abri d'observation en pierres, un "F" gravé dans le rocher, puis nous escaladons les rochers jusqu'au cairn construit par Charcot. Descente dans la neige par la face en pente douce. Observation des manchots papous et quelques manchots Adelie (à tête noire)
17h30 retour sur Podorange ou nous attends un fantastique vin chaud.
Départ pour le mouillage entre les îlots de Pleneau et de Hoopgard. Arrivée à 19h sous un ciel bleu et plein soleil, mouillage complexe avec 5 haussières. Apéro sur le pont pour profiter du super soleil (qui ne se couchera que vers 21h30). Le coucher de soleil est magnifique, il est suivi vers 22h30 par le lever de lune au dessus des montagnes.

Mardi 18 février

8h réveil, John est déjà en combinaison de plongée, dès sa mise à l'eau à proximité du bateau, un phoque crabier vient lui rendre visite. Brice est entrain de pêcher et de réparer le winch de mise à l'eau du Zodiac.
10h départ pour une Rando de 3h, ciel bleu, soleil brillant. Ascension sommet de Hoopgard 370m. Départ dans les rochers, surprise après une trentaine de mètres de dénivelé, je me retrouve au détour d'un rocher en tête à tête avec une otarie. Longue montée en pente douce sur un terrain glaciaire enneigé. Quelques crevasses. Vue superbe sur la sortie du détroit de Lemaire, la baie de la Salpetriere, les sommets des Français, Agamemnon, Lumière, l'île Peterman, les îles Argentines, ... Au retour le temps se couvre, il tombe quelques flocons de neige.
Repas : Ventus vin de Patagonie Merlot, Malbec, Cabernet-Sauvignon soupe,pâtes, charcuterie, fromage, gâteau ananas-gingembre.
15h sieste, 16h15, je dors profondément John vient me réveiller, il faut se préparer pour la seconde randonnée de la journée. Je pointe le nez sur le pont, il fait très gris, il tombe une pluie fine. Je n'ai qu'une envie : continuer la sieste; mais je dis qu'il est dommage de ne pas profiter à fond de l'endroit sublime ou je suis. Je m'habille chaudement et me voilà parti pour encore 3 h de marche sur l'île de Pleneau. Paysages magnifiques, otaries, manchots papous et quelques Adelie, pétrel géants, skuas, ...une otarie chasse une vingtaine de manchots qui se sont installés sur son territoire, l'un d'entre eux essaie de se maintenir sur les lieux, il est attaqué, mordu ... Blessé il fini par partir.
Apéritif, dîner gigot d'agneau arrosé d'un Alamos Merlot 2012

Mercredi 19 février

8h réveil, soleil et ciel bleu mais le bateau est recouvert de 8 cm de neige tombée dans la nuit. Après le petit déjeuner c'est la corvée de déneigement puis il faut retirer les 5 haussières avant de pouvoir lever l'ancre. Superbe navigation avec de nombreux icebergs.
11h30 Arrivée sur l'Île de Peterman ou Charcot a hiverné avec le Pourquoi Pas. Petit refuge de l'armée chilienne bien équipé pour qui se trouverait en perdition dans le secteur. Ascension avec escalade jusqu'au cairn avec la plaque commémorative de Charcot. Au sommet (particulièrement difficile d'accès) nous trouvons une importante colonie de manchots Papous. Du sommet nous assistons à un fragmentation d'un gros iceberg, collision avec d'autres iceberg puis le plus gros de tous bascule, à l'intérieur de l'iceberg une piscine se rempli d'eau puis se vide au rythme des basculements.
A proximité sur un autre bloc de glace flottant une douzaine de phoques crabiers se prélassent.
Sur le chemin du retour vers le Zodiac nous croisons quelques manchots Adelie.
Sur l'île de nombreuses plaques de mousse très épaisse.
14h30. Repas Malbec Quara, pizza, salade composée.
Brice nous présente en avant première le montage vidéo de notre traversée du Drake, qu'il a réalisé à partir de nos enregistrements. Le film "les pirates de Vernadsky" est très bien réussi, nous offrirons une copie de ce montage au personnel de Vernadsky.
15h30 départ pour Vernadsky 1 heure de navigation.
Avant d'arriver à Vernadsky nous hissons le pavillon Ukrainien (au dessus de notre drapeau de pirates)
Mouillage avec 4 haussières. Je participe activement aux manœuvres de winch.
Mini douche chaude très appréciée.
20h dîner Grand Rodas Tannat et Grand Rodas Petit Verdot, lentilles, lard, gigot, plateau de fromage, yaourt.
Le skipper nous annonce qu'il y aura une courte fenêtre de météo favorable pour la traversée de retour avec un départ vendredi vers 3 heures du matin. (Nous devrions ainsi arriver à passer entre deux grosses dépressions) nous ferons route vers le nord-ouest.
21h nous sommes invités sur la base ukrainienne. Nous apportons l'apéritif un cocktail rhum citron, des bières et le film. Accueil très chaleureux par le directeur de la base et le "météorologue" qui nous fait visiter la base. Les équipements scientifiques sont rudimentaires et vieillots. Nous comprenons qu'ils font des relevés de différents paramètres météo, sismiques, magnétiques... Mais qu'ils ne font pas de réelles recherches scientifiques, d'ailleurs aucun d'entre eux ne parle anglais, quelques un bredouillent quelques mots. La visite est très brève et nous sommes rapidement dirigés vers le bar et nous nous retrouvons tous avec un premier verre de Vodka à la main, nous apprenons rapidement à dire "santé" en ukrainien. Discours de bienvenue, échange de cadeaux, projection du film Podorange les Pirates de Vernadsky (les ukrainiens sont surpris par la séquence tournée lors du précédent voyage dans leur bar). Comme par magie les verres de Vodka ne restent jamais vides.
La station a été vendue par les anglais en 1993, aux ukrainiens, pour la somme symbolique de une livre sterling. La pièce ayant servi au paiement est maintenant incrustée dans le bar.
Tandis que certains d'entre nous jouent au billard avec les ukrainiens, d'autres discutent avec les 4 scientifiques américains de passage pour une semaine à Vernadsky avant d'aller pour 2 semaines à la base américaine de Palmer. Ils étudient la paléo biologie des mousses et herbes en antarctique. Ils cherchent à comprendre les variations climatiques sur les 1 000 dernières années. Ce sont de véritables scientifiques qui sont surpris de cet accueil aussi festif, et aussi arrosé chez les ukrainiens. Ils ont tous été malades lors de leur traversée du Drake sur un énorme bateau américain qui assure la logistique des bases. Il n'arrivent pas à croire que nous ayons fait le même voyage sur notre minuscule voilier.
Le commandant de la base à ouvert une petite échoppe ou il vends à prix d'or des cartes postales et des timbres ukrainiens. Mon courrier partira donc en bateau dans ?? jours pour les Malouines, puis pour l'Ukraine et peut être arrivera t-il un jour en France?
Minuit, rassasié de vodka, je prends avec Yann et Bérangère le premier Zodiac qui nous ramène sur Podorange. Le reste du groupe restera à boire et à danser jusqu'à 3 heures.

Jeudi 20 février

Après la longue soirée d'hier, et avant le grand départ pour la traversée du Drake, grâce matinée. Réveil à 10h30, dehors grand froid et tempête de neige. Visibilité nulle. Nous sommes en plein été antarctique! Dans 2 mois Vernadsky ne sera plus accessible, la baie sera devenue banquise et la température baissera à - 20°C. L'hiver dernier le record a été de - 28°C.
Premiers préparatifs pour le passage du Drake : rangements en particulier des stocks de vivres et de la cuisine. Préparation de gâteaux que nous consommerons durant la traversée.
Journée repos, sieste. Je me demande ce que chacun est entrain de faire en France ? Trois semaines sans nouvelles, je n'ai pas vu le temps passer tant nous étions en permanence occupés (manœuvres, visites, repas ...) mais aujourd'hui cette journée de repos est l'occasion de penser plus particulièrement à vous tous en France. Il me reste encore presque une semaine de navigation, avant de reprendre le contact avec la civilisation.
En fin d'après-midi nous continuons les préparatifs au départ dégonflage des pare-battages, fermeture hermétique de la soute avant ( 20 gros boulons à visser)
Dîner paella avec un Malbec Santa Julia Mendoza

Vendredi 21 février

Réveil à 3h30, le jour commence tout juste à se lever, il ne fait pas trop froid, récupération en Zodiac des 4 haussières, rangement des amarres, démontage du moteur du Zodiac que nous hissons avec une drisse jusque dans la soute à voiles, dégonflage et démontage du Zodiac, rangement du tout.
4h45 nous levons l'ancre et quittons Vernadsky au moteur.
Le lever de soleil derrière les îles Argentines est superbe. Je reste sur le pont jusqu'à 6h30 pour profiter des dernières vues sur les gros icebergs et les îles Argentine. Puis retour au lit pour 3 heures de sommeil qui seront fort utiles dans les jours à venir.
Au réveil à 9h30 nous sommes en pleine mer, cap au 330, la houle, nous secoue bien. Je mets mes bracelets anti mal de mer.
Pour le voyage de retour mes horaires de quart seront de 11h à 13h, de 19h à 21h et de 3h à 5 h
11h je commence mon quart, avec une houle assez forte mais pas de vent. Nous naviguons au moteur, je prends la barre pendant 45 minutes, je me débrouille plutôt bien pour maintenir le cap, je suis satisfait de mes progrès même si je n'arrive pas à éloigner mes yeux du compas. Le vent se lève nous hissons la grande voile sur toute sa hauteur, puis le Yankee 2. Avec les voiles plus le moteur nous avançons à 8 nœuds. Quelques baleines et albatros nous suivent par moments. Sur le pont la musique de Don Giovanni résonne à plein, dans l'immensité de l'océan antarctique.
Repas avec les restes des 2 derniers jours. Pas de vin pendant la traversée du Drake!
Sieste
Quart de 19h -21h : Nous naviguons à la voile. 9 nœuds de moyenne. Bon vent, forte houle, petite chute de neige.

Samedi 22 février

Quart de 3h -5h vent fort du sud-ouest, houle forte (nous naviguons en suivant une forte dépression qui progresse à la même vitesse que nous, nous avons la houle résiduelle) notre moyenne est supérieure à 10 nœuds, avec des pointes à 11,3 nœuds. Sur ce voilier de 20 mètres c'est très impressionnant. De temps à autre nous sommes copieusement arrosés par les embruns, voire par une grosse vague. Vers 4 h, Un petit trou entre les nuages laisse apparaître la lune, avec les reflets de la lune notre skipper croit apercevoir un iceberg au loin. Je ne vois absolument rien. Brice va contrôler au radar, effectivement droit devant nous à 8 miles il y a un iceberg de belle taille. Quelle vue perçante! Lorsque nous ne sommes plus qu'à 4 miles, nous devions notre route afin de laisser l'iceberg sous le vent. Nous le doublons, nous sommes à 2 miles de lui, le clair de lune nous permets de distinguer ce gigantesque fantôme. Il dépasse, de loin, tout ce que nous avons vu jusqu'alors. Brice estime sa longueur a environ 500 mètres sur plus de 50 mètres de haut! Imaginez une rue de 500 mètres de long avec des immeubles de 20 étages qui dérive sur l'eau!
5 heures : pieds et mains gelés je rentre et me prépare un bon bol de pâtes avec de l'huile d'olive et du parmesan, 2 tasses de thé, et 5 petits gâteaux au gingembre. Le froid consomme beaucoup de calories et donne faim.
Je vais me coucher.
10 heures : Je me lève, j'ai encore faim. Tartines beurre et confiture puis il faut de nouveau commencer la lourde tâche de l'habillage, pour le quart de 11h
11 heures : le quart est très agréable (le meilleur à ce jour) le vent a faibli mais est toujours soutenu, la houle régulière et modérée (creux de 3 m au maximum). Nous avançons à plus de 8 nœuds de moyenne. Le soleil brille, il fait presque chaud. Au loin nous voyons le souffle d'une baleine bleue.
Repas, sieste, écriture du journal de bord. Juste avant la quart de 19 h, je me prépare une soupe aux petits pois, cela me permets d'emmagasiner une bonne dose de chaleur avant la sortie sur le pont.
19 heures : le quart est également très agréable, bon vent, houle régulière, grand soleil au début, et magnifique coucher de soleil juste à 21h. Nombreux oiseaux Prions et un Albatros d'une espèce que nous n'avions pas encore vue Albatros Fuligineux. La musique de Gainsbourg nous accompagne.
Nous nous éloignons de l'Antarctique, la température de l'eau est remontée à 5°C, celle de l'air n'a pas changée, nous avons toujours le vent du sud.
21 h de retour dans le carré une odeur irrésistible titille mes narines, Brice nous a cuisiné un fabuleux bœuf Bourguignon. Il est difficile de résister à la tentation de l'accompagner d'un verre de vin.

Dimanche 23 février

2h30 je dors très profondément, Yann est obligé de me réveiller pour aller prendre le quart. J'ai tout juste le temps de m'habiller, de boire un jus de fruit et d'emporter quelques gâteaux secs pour grignoter sur le pont. Le quart se passe bien, nous avons toujours le vent portant au près. Quelques courtes averses de pluie, il fait moins froid. Pendant de courts instants nous avons un clair de l'une ou bien un ciel étoilé. Nous avançons toujours avec une vitesse moyenne proche des 9 nœuds.

Quart 11h - 13h RAS toujours un bon vent et grosse mer, impossible pour moi de barrer dans de telles conditions.

Quart 19h - 21h le vent a très légèrement molli et la mer est plus plate (creux de 2 mètres maxi) nous sommes toujours cap au 343. Quentin est à la barre quand j'arrive sur le pont pour prendre mon quart. Il me dit que les conditions sont idéales pour que j'essaie de barrer en plein Drake, le cap est facile à tenir ajoute t-il. Réticent, je me lance quand même. Les dix premières minutes au 343 se passent plutôt bien, puis Corinne me demande de changer le cap au 350, ce changement, minime mets le bateau dans une situation ou le cap est beaucoup plus difficile à tenir. Je fais du zig zag. Au bout de 10 minutes le capitaine pointe son nez sur le pont pour voir quel est l'individu complètement bourré qui est à la barre! Je suis bien content de passer la barre à Yann et de terminer là mon expérience à la barre dans les 50 èmes hurlants.


Lundi 24 février

Quart de 3h à 5h : nous avons bien progressé vers le nord, la température est nettement remontée. Il fait environ 8 °C . Après 20 jours passés aux alentours de zéro, cela me semble chaud. Vent soutenu au près et mer relativement calme. Nous sommes toujours pleine voile et Yankee. Idéalement dans une configuration de course il faudrait prendre un ris et dérouler la trinquette. Mais pour nous pas question de réveiller tout l'équipage pour faire une telle manœuvre en pleine nuit. Je profite du ciel qui est magnifiquement étoilé. Vénus, la Croix du Sud...

8h30 je suis réveillé par des secousses énormes, j'ai l'impression que le bateau va chavirer, démâter, des paquets de mer déferlent violemment et bruyamment sur le pont. Les bruits de winch ... m'indiquent clairement que l'équipage est entrain de changer la voilure. J'ai une envie irrésistible d'aller aux toilettes. Dans ces secousses énormes, avec une inclinaison de 25°, c'est un exploit que de s'extraire de la couchette et de faire les 4 mètres qui séparent ma cabine des toilettes. L'aller retour me prendra une dizaine de minutes.
Les manœuvres de voile terminées nous restons avec un vent fort dans une mer très agitée.

10h je m'habille pour faire une sortie sur le pont, je veux voir et filmer ces 50 èmes hurlants entrain de se déchaîner. La sortie vaut les efforts de la corvée d'habillage. Au loin j'aperçois très clairement la cordillère de Darwin et au premier plan les paquets de mer qui déferlent sur le bateau.

11h - 13h le quart est agréable. Il fait beaucoup plus chaud. La température de l'eau est remontée à 10°C, et celle de l'air aussi. Je retire une couche (la doudoune et le premier pantalon) à mon équipement, c'est beaucoup plus confortable. Nous prenons toujours de gros paquets de mer, mais la navigation est confortable, au fur et à mesure que nous approchons de la Terre de Feu, les sommets de la cordillère de Darwin sont de plus en plus beaux. Le xxxxx domine le tout du haut de ses 2800 mètres. Nous croisons un super tanker de plus de 300 mètres de long. (Les écluses du canal de Panama ne font que 300m, les plus gros porte-containers et super tankers doivent donc faire le tour par le cap Horn).

A partir de 15h nous sommes très proches de la terre, nous redécouvrons la végétation et la couleur verte. Nous entrons dans la baie de Cook. Le vent tombe, la mer est enfin plate, nous remettons le moteur. Nous nous dirigeons vers le bras Sud-Est du canal de Beagle. Nous jetons l'ancre dans l'Estero de las 1 000 Cascadas. Mouillage avec l'ancre et deux haussières. Le lieu est paradisiaque, c'est une baie dans laquelle plongent littéralement 3 glaciers et d'innombrables cascades.
Entre les glaciers, se sont des pentes rocheuses assez abruptes mais néanmoins couvertes de petits arbres aux formes tortueuses. Ils font penser à des bonsaï japonais.
Hélas l'arrivée se fait à 18h30 sous une pluie fine. Un voilier argentin est également au mouillage dans la baie.

Le Drake c'est terminé ! Comme tout l'équipage, j'apprécie de pouvoir tenir debout sans me cramponner aux poignées des coursives. Nous fêtons ceci comme il se doit avec un super apéro. Dîner avec un énorme rôti de bœuf arrosé d'un Cabernet-Sauvignon Mendoza Altares ...

Pour cette traversée de retour du Drake nous aurons parcouru 690 miles en 84 heures soit 8,21 nœuds de moyenne. Soit 197 miles par jour (nous sommes très proches du record de vitesse de Podorange sur ce parcours)

Fin de soirée au frais sur le pont. L'eau est à 11°C , longue discussion sur qui se mettra à l'eau le premier pour le bain de minuit. Finalement tout le monde va se coucher vers 22 h sans se baigner.

Mardi 25 février

Après une nuit complète et dans un calme absolu, réveil à 8 h. Nous reprenons un rythme de vie normal, plus de quarts à assurer, nous naviguons uniquement de jour, nous nous partageons les moments à la barre selon les envies de chacun. 9h30 pas de soleil, mais une très forte luminosité, nous levons les amarres. 10h30 Il fait grand soleil, je passe la majeure partie delà journée sur le pont, la navigation, très calme sur le Beagle se fait au moteur plus voile (vent arrière, yankee). Les montagnes qui plongent à pic dans l'eau sont toutes plus belles les unes que les autres.
Repas poisson au four, cépage Torrontes Etchart Privado.
Cap Hyades : approche en Zodiac jusqu'au cap ou vivent plusieurs centaines de lions de mer. Le cap est une pointe de sable d'environ 200 mètres de long sur laquelle s'entassent des centaines de goélands et encore plus de lions de mer. Nous jetons l'ancre à 300 mètres du cap, et embarquons en Zodiac, nous approchons à 50 cm de la plage, en tendant le bras nous pourrions toucher ces monstres qui grognent bruyamment. Les mâles passent leur temps à se provoquer. Nous faisons une autre arrivée, rapide et bruyante en Zodiac, cela provoque un peu d'affolement parmi les lions qui sont très proches. Une bonne douzaine d'entre eux plongent à 3 mètres du Zodiac. C'est très impressionnant, nous sommes éclaboussés. Ils nous observent avec autant curiosité que nous en avons vis à vis d'eux. Il va sans dire qu'il se dégage une odeur très forte.
Hyadès était le médecin de l'expédition de la Romanche à l'occasion de la première expédition polaire en 1882 (objectif observer le passage de Venus).= mission scientifique du Cap Horn.
Lors du retour en Zodiac magnifique vue sur notre voilier Podorange avec 2 condors dans le ciel et les lions de mer en arrière plan.
Arrivée à Yenldegaia, mouillage Ferrari. C'est une ancienne estancia de 60 000 hectares qui comptait des dizaines de milliers de moutons. Elle a été achetée il y a longtemps par un milliardaire américain féru de "deep ecology". Il y a installé José un gaucho qui vit là, seul avec sa femme. Il est chargé de remettre l'espace en l'état naturel avant l'arrivée des colons. Il doit abattre les chevaux et taureaux sauvages. Sur une telle superficie, c'est mission impossible. Il revends la viande aux pêcheurs de passage. Il propose aussi aux voiliers de passage de faire une ballade à cheval. Très récemment le milliardaire américain à fait dont de sa propriété à l'état chilien, qui doit en faire une réserve naturelle.
Le gaucho vit dans une petite baraque en bois, le point habité le plus proche est à 3 heures de cheval.

Dîner :Gratin de pommes de terre, courge, lardon. Cabernet-Merlot Marcus Rio Negro

Mercredi 26 février

Grâce matinée, préparation d'un gâteau au chocolat, Yann et Pascale se baignent, l'eau est à 10°C.

Repas spaghettis au pesto

13h30 Nous quittons le bateau pour ce qui va être un des grands moments de cette expédition. Je vais pendant presque 3 heures chevaucher dans la pampa et la montagne de la Terre de Feu Chilienne. Nous partons Philippe, Sophie, Cath, Pascale, Berangere et moi, accompagnés de Brice, Corinne et Anémie (la femme du gaucho). Après avoir scellés nos chevaux sauvages, mais domestiqués, et reçu quelques instructions sur "le mode d'emploi" de nos montures (nous sommes 4 sur 6 à avoir monté une seule fois ou bien jamais) nous partons tout d'abord au pas puis, assez rapidement au trot pour notre chevauchée fantastique.
Pendant les 5 premières minutes, je suis très tendu. Ma monture Gitana, une jument mère d'un poulain qu'elle allaite encore, est très docile et obéissante, rapidement je prends confiance, ma seule inquiétude après une dizaine de minutes au trot est : "mes muscles pourrons-ils tenir 3 heures à ce régime de tape-cul?"
Les paysages que nous traversons sont très variés, nous partons de la plage, traversons une prairie, puis une zone de buissons, une forêt, de nombreux petit torrents. Nous arrivons sur un point en hauteur, d'où nous voyons tout le fond de la baie d'Yendegaia, avec dans le lointain les montagnes enneigées. Nous remontons la vallée du fleuve qui canalise les eaux de fonte du glacier qui est au fond de la vallée. Nous longeons le fleuve dans une vaste prairie. Au bout d'heure nous traversons le fleuve, large d'environ 40 mètres, nos chevaux ont de l'eau, jusqu'au milieu du poitrail, heureusement que j'ai des bottes étanches, cette première traversée à cheval d'une grande rivière me donne une impression de puissance, de domination de la nature. Sur l'autre rive nous trouvons 3 marcheurs avec d'énormes sacs à dos, ils nous annoncent qu'ils sont au total 34, les autres suivent pas très loin derrière. Il s'agit de l'ensemble de l'expédition "Ultimate Patagonia Explorer" sponsorisée par la marque allemande "Camp David". C'est une sorte de Koh Lantha. Nous leur prêtons nos chevaux pour franchir le fleuve. Notre chevauchée reprends nous continuons à remonter la vallée en direction du glacier. Nous nous arrêtons quelques instants pour écouter les instructions sur comment se comporter à cheval lors d'une montée très raide et lors d'une descente. Bérangère part la première, son cheval qui n'a pas pris assez d'élan n'arrive pas à monter la côté qui est très raide, à mi pente il fait demi tour. Je donne un grand coup d'étrier, ma Gitana prends un bon élan et gravit sans difficulté la côte, pour moi c'est le grand frisson surtout lorsque j'arrive au sommet et que je découvre la descente, courte mais vertigineuse qui m'attends. Je réussi à me maintenir bien en équilibre, penché au maximum en arrière, et en tenant la selle par derrière. Lorsque j'arrive dans la plaine, je suis époustouflé d'avoir réussi ce passage délicat. J'ai dus être gaucho dans une vie antérieure! Nous traversons une forêt d'arbres morts, elle a été dévastée par les castors. Nous ne tardons pas à traverser plusieurs petit bras du fleuve, sur l'un d'entre eux nous passons entre deux barrages de castors. Arrivés à proximité du glacier, au fond de la vallée, nous retraversons le fleuve. Il est ici beaucoup plus large, une centaine de mètres, le courant est très violent, les chevaux traversent en diagonale afin de ne pas être emportés par le courant. Le chien qui nous accompagne traverse à la nage, il dérive de plusieurs centaines de mètres. Le retour se fait par un autre itinéraire dans la même vallée. Un kilomètre avant notre arrivée sur la plage, ma jument commence à pousser de grands hennissements. Elle appelle son poulain qui lui réponds. Lorsque j'arrive au niveau d'une horde d'une trentaine de chevaux sauvages (dont le poulain de ma Gitana), le poulain se précipite pour trotter derrière sa mère, tout le reste de la horde suit. Je fais une arrivée incroyable sur la plage, tel un cowboy suivi par une trentaine de chevaux sauvages. Hélas pas de camera à ce moment là, mais ceci restera gravé dans ma mémoire.

20h devant la maisonnette de notre Gaucho José, un gigantesque asado (barbecue) se prépare. José fait cuire la viande d'un taureau sauvage qu'il a chassé il y a quelques jours. Chaque morceau de lomo fait environ 2,5 kg il y en a une douzaine qui cuisent. Nous sommes 50 personnes à nous partager ce festin (il restera plus de 15 kg de viande). Le filet, bien saignant est goûteux, juteux ... Avec un Cabernet-Merlot. Je mangerai dans la soirée trois énormes tranches de viande. La soirée autour du feu, avec vin, bière se poursuit fort tard, vers minuit nous commençons à l'intérieur de la maison du gaucho à boire le vin chaud. 1h du matin retour au bateau.

Durant la soirée les discussions ont été très diverses avec les participants à l'expédition Ultimate Patagonian Explorer, avec leur équipe de support, avec Anémie, la femme du gaucho. Cette femme qui a été mannequin, puis esthéticienne, a quitté sa Belgique natale, son mari pour venir vivre dans cette estancia. Son premier hiver à été extraordinaire,... Le troisième dur... Elle va attaquer le 5ème !

Jeudi 27 février

Départ au moteur plus grand voile, nous continuons le canal de Beagle, passons devant Ushuaia et continuons jusqu'à Puerto Williams ou nous sommes obligés de passer pour effectuer les opérations de sortie du Chili. Le temps est froid et très gris, la navigation est facile avec de bons repères visuels, j'en profite pour prendre la barre à deux reprises.

L'arrivée à Puerto WIlliams (2200 habitants) me fais l'effet d'un choc. La vue de si nombreuses habitations, après n'avoir vu pendant un mois que des baies désertes, ou tout au plus pourvues de 2 ou 3 cabanes est à la fois très agréable - car cela veut dire que le contact avec la famille va être possible - mais aussi très décevante tant les paysages de tous nos précédents mouillages étaient grandioses. Arrivé à terre, j'ai la chance de pouvoir me connecter au wifi pendant quelques minutes, puis il sera coupé, pendant toute la soirée. Juste le temps de faire un skype avec Hélène, puis impossible d'envoyer le long mail que j'avais préparé pour toute la famille et les amis.

Les autorités portuaires refusent de faire nos formalités d'arrivée, car nous nous n'avons pas exactement suivi l'itinéraire prévu! Rendez-vous est pris pour demain matin.

Extraordinaire dîner de fin de voyage au Micalvi. C'est nouveau un choc énorme de se retrouver autour d'une table avec nappe blanche, vaisselle en porcelaine, verres à vin ...la cuisine est à la hauteur de la belle table. Le clou du repas est l'entrée : une grosse assiette de "centolla" le crabe géant qui vit ici dans les eaux très froides. Puis duo de viande bœuf et porcelet, sorbets. Vin rouge exportacion Concha y Toro (Chili). Fin de soirée au bar Micalvi.

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