Compostelle semaine 9 : de Castrojeriz à León
J 57 lundi 10 octobre : Castrojeriz - Boadilla del Camino 21 km Nous quittons Castrojeriz en montant jusqu'à la meseta de Mostelares. Pour la première fois nous partons chaudement vêtus de tous nos habits chauds. Il fait 4 °C, heureusement il ,y a pas de vent. Nous regrettons de ne pas avoir emmené de gants et si ce temps persiste nous devrons faire quelques achats. Après 2 km un pont en béton enjambe le rio Odrilla mais en regardant de près nous découvrons que les arches qui précédent juste avant et soutenant la chaussée sur la rive sont les arcs du pont romain primitif, largement ensablés ; la rivière a depuis changé de lit ..Après 6 km supplémentaires nous faisons une brève halte à une fontaine (Fuente del Piojo) pour croquer quelques gâteaux secs avec une goulée d'eau fraîche, il nous faudra faire 4 km de plus pour atteindre Itero de la Vega et y trouver un grand café bien chaud. Entre les deux itéro, celui del Castillo et celui de la Véga, le rio Pisuerga, sinueux et boisé, constitue la frontière des royaumes de Castille et de Léon (séparés avant 1037, et entre 1157 et 1230); Le pont à onze arches romanes qui le franchit au sud des deux cités fut construit au début du XIIe siècle par Alphonse VI ; il était mentionné dans le Guide du pèlerin. Nous pénétrons ici dans la province de Palencia dont le nom vient de la racine celtique pala (plaine). Une ruine rectangulaire borde un chemin de terre qui est en fait le vrai chemin de Saint Jacques : c'est ce qui reste de l'hôpital de Saint Nicolas, lequel existait en 1171 à côté d'une église Santa Eugénia et d'une agglomération aujourd'hui disparues. De nos jours les restes de l'hôpital servent d'abris à une chapelle et aux pèlerins de passage. Un petit dortoir de 8 lits, éclairés à la chandelle et un coin cuisine font face à l'autel de La Chapelle. En fin de matinée le soleil commence enfin à nous réchauffer. Après un pique-nique et quelques km supplémentaires c'est Boadilla del Camino qui apparaîtra : Le coeur de Boadilla, cité au Xe siècle , a une forme semi-circulaire et le chemin le contourne par le nord le long d'un vieux mur. L'église gothique Santa Maria (XIV et XVe siècle) sévère, à tour carrée, mais riche en peintures et en sculptures, garde des fonts baptismaux romans. Derrière son chevet polygonal, se dresse au centre d'une place une colonne très ornée, un "rollo" juridictionnel du XV ème siècle. C'est le plus beau de tous ceux que l'on peut trouver en Espagne. C'est le symbole de l'autonomie accordée à la ville par le roi Enrique IV. Il marque également le lieu (pilori) où les condamnés étaient exposés à la vindicte populaire.
J 58 mardi 11 octobre : Boadilla del Camino - carrion de los Condes Départ à 7h45 par ciel clair et une température hivernale de 4°C. Un peu avant Fromista, le chemin rejoint et longe le canal de Castille. Ce long ouvrage a été construit de 1753 à 1849, et permet à la fois d’irriguer les terres et de donner une force motrice aux fabriques et aux moulins. Vers 8h15 le lever de soleil sur le canal est magnifique. A l'entrée de Fromista, on franchit le canal par une passerelle, au-dessus d'un groupe spectaculaire d'écluses ovales, formant une série de cascades. La vieille ville en forme de bastide vaut surtout par son église San Martin : joyau roman à trois nefs. Elle est l'unique vestige d'un monastère bénédictin fondé en 1066. Sur les façades on dénombre pas moins de 309 sculptures de têtes humaines et animales. En arrivant à Poblacion de Campos nous apercevons la chapelle San Miguel qui date du XIIIe siècle. Nous traversons le village et nous poursuivons jusqu'à Villalcazar de Sirga où nous visitons l'église templière de Santa Maria la Blanca du XIIe siècle particulièrement intéressante de par son contenu. Elle est romane par son plan cistercien et gothique dans son achèvement . Enfin nous arrivons à Carrion de los Condes, étape particulièrement riche qui va vous permettre de découvrir le couvent de Santa Clara du XIIIe siècle (remanié au XVII e) où vivent des clarisses cloîtrées.(nous avons la chance de pouvoir y résider). Nous assistons à la fin des vêpres à l'église Santa Maria de la Victoria o del Camino, il s'agit d'un monument national du XIIe siècle il possède un portail surmonté d'une frise qui est du plus pur roman, richement décoré, il évoque la légende des cent vierges. Nous visitons l'église - musée de Santiago qui a été détruite en 1809, néanmoins subsiste sa façade de 1160 : au-dessus d'une porte en plein cintre à l'archivolte décorée d'anges, le haut du mur porte une frise en haut relief dite de l'Apostolat. au centre un christ "Pantocrator"en gloire, entouré des symboles des évangélistes, autour, les apôtres en route, chacun dans sa niche.
J 59 mercredi 12 octobre : Carrion de los Condès - Moratinos 29 km
Départ à 7h45 dans la nuit Noire, le jour tardera à se lever car le temps est très gris et pluvieux. À la sortie de Carrion de los Condes, nous passons devant le grandiose monastère San Zoilo. Après 30 minutes de marche nous devons enfiler les capes de pluie que nous ne quitterons pas de la journée. En ce jour de fête Nationale Espagnole, la campagne est déserte, il faut dire que nous marchons 16 km à travers champs, dans une ligne droite interminable. Des champs de blé fauchés alternent avec champs labourés... et rien d'autre. Pas de traversée de village ... il n'y rien à découvrir. C'est plat ... plat ... plat ! En arrivant à Calzadilla de la Cueza nous trouvons un minuscule village totalement désert, seuls deux bars restaurants attendent les pèlerins. Après 7 km nous arrivons à Ledigos puis Terradillos de los Templarios et nous arrivons vers 15h30 à Moradilos. Tous ces villages sont aussi morts les uns que les autres. Dîner et nuit à l'albergue San Bruno. Chambre très agréable.
J 60 Jeudi 13 octobre : Moratinos - Bercianos del Real Camino 22 km
Nous quittons Moratinos à sans nous presser car il pleut et il fait encore nuit. Jusqu'à au delà de San Nicolas del Camino nous sommes seuls sur le chemin. Nous poursuivons sous le crachin en longeant horrible nationale 120 juin.Sahagun pour effectuer 8,1 km ...
Pas de souci : l'étape est sans grand dénivelé ... presque aussi plat que l'étape de la veille !
A Ledigos vous ne manquerez pas la visite de son église Saint Jacques édifiée sur une hauteur et rebâtie au XVIIe siècle où se trouve une belle statue de l'apôtre puis, après avoir traversé Terradillos de los Templarios, vous arriverez à Moratinos dont l'église possède un clocher-porche carré, massif comme un donjon et couronné d'arcades campanaires.
Ce sera ensuite au tour de San Nicols del Real de se découvrir à vos yeux : au XIIe siècle ce village appartenait aux Templiers qui le cédèrent en 1183 par échange à Alphonse VIII, c'est la dernière localité appartenant à la province castillane de Palencia que vous traversez avant d'entrer dans le royaume de Leon ...
Avant d'atteindre Sahagun vous ne pourrez pas manquer la Virgen del Puente et son Ermita : longue chapelle avec un mur-campanile construit dans le sens de la nef au-dessus du chœur. Le chevet de brique avec ses armatures aveugles inégales, son archère et ses frises géométriques, en est la partie la plus ancienne.
Vous arrivez à Sahagun dont l'architecture est en brique, il ne faudra pas manquer de voir les trois églises de la Trinidad et San Juan à l'est ; San Lorenzo (XIIIe)au nord et San Tirso (XIIe) et les monastères au sud-ouest, bordant le chemin. Près de San Tirso vous découvrirez aussi l'arc de triomphe, dit Arco de San Benito qui est en réalité l'ancienne porte monumentale construite en 1662 du couvent de San Facundo.
Un parcours pouvant être qualifié de "chemin royal" qui passe par Bercianos, Borgo Ramero et Reliego apparaissant comme un itinéraire plus vivant que le second dit "voie romaine"
J 61 vendredi 14 octobre : Bercianos del Real Camino - Mansilla de las Mulas 27 km
Après une excellente nuit nous avons hâte de voir la météo du jour. Ouf ! Il ne pleut pas, la journée sera froide, venteuse mais ensoleillée. Départ à 8h. Nous passons à El Burgo Ranero où nous effectuons notre ravitaillement, puis nous continuons notre progression vers Reliegos de las Matas dans une campagne désertique, nous longeons une route avec des lignes droites interminables. Nous observons de curieuses maisons cachées sous des buttes de terre et une plaque commémorative de la chute d'un météorite de 17 kg. Nous arrivons à 15h30 à Mansilla de la Mulas. La ville était entourée de murailles, il en reste la porte orientale dit Arco de la Conception, deux tours entières, deux autres en ruines et un grand pan de mur. Cette localité possède plusieurs places aux arcades de bois.
Dîner à El Jardin del Camino et nujit à hotel rural Los Sportales.
J 62 samedi 15 octobre : Mansilla de las Mulas - Leon 20 km
Petite étape de 19 km que l'on effectue en 4h30 de marche et qui nous permet d'arriver tôt pour bien découvrir l'importante ville de Leon après avoir traversé les villages de Villarente, Arcabueja, Valdelafuente et emprunté le Puente del Castro pour atteindre la capitale provinciale. Aucune difficulté ... le chemin est toujours très plat ! Comme toujours à l'approche des grandes villes, le paysage est très déprimant : routes, autoroutes, lignes à haute tension, zone industrielle et commerciale.En arrivant à Leon, par la Puerta Moneda, dont la rue garde le nom, on atteint l'église Santa Maria del Mercado (du marché) plutôt appelée aujourd'hui del Camino : romane du XIIe siècle mais mutilée.Derrière, fontaine néo- classique sur la plaza del Grano (place du Grain, gardant des couverts aux piliers de bois). De l'autre côté de la rue, enclavé dans un pâté de maisons, le couvent de la Concepcion, fondé en 1518 dans des murs du XIVe siècle. La plazza mayor est grandiose tout en gardant une convivialité, on s'y sent dans un village, mais avec de très nombreux. En ce samedi soir, tout le quartier Barrio Humedo est très animé, c'est le lieux de rencontre de tous les habitants de la ville et en particulier de la jeunesse. La "Rua", toponyme du pèlerinage, est bordée de vieux hôtels. Nous passons Plaza de San Marcelo, l'hôtel de ville et l'église de San Marcelo (XVIe siècle) voisinent avec la Casa de Botines construite fin XIXe par Gaudi. Enfin par la porte Cauriense, qui avait été la Sinistra du camp romain, le pèlerin accède enfin aux principaux sanctuaires, San Isidro, et à la cathédrale. León était un royaume apparu en 910, ce fut le royaume le plus puissant un christianisme péninsulaire pendant des siècles. Ses monarques se proclamaient empereurs. Ils ont protégé les juifs, ont renforcé le Chemin de Saint Jacques de Compostelle, ont créé des universités comme celle de Salamanque, ont introduit l'Ordre cistercien, ont conservé le Saint Graal et ils ont pour la première fois dans l'histoire donné voix au peuple à travers le parlement ou Cortes de 1188. Dîner dans le quartier Barrio Humedo et nuit à Alda Casco Antiguo.
J 63 dimanche 16 octobre : León
Pour la première fois depuis un mois, nous nous accordons un jour de repos afin de nous reposer et de visiter les monuments que nous n'avons pas pu voir hier. Visite de l'exceptionnelle cathédrale Santa Maria, gigantesque oeuvre gothique qui a été construite en seulement 50 ans dans la petite ville de León qui ne comptait alors que 5000 habitants. C'est un joyaux du gothique qui a conservé 1800 m2 de vitraux d'origine médiévale. La visite se poursuit dans le cloître et le musée des arts sacrés.
La basilique collégiale royale Saint-Isidore constitue un des ensembles architecturaux d'art roman les plus remarquables d'Espagne, par son histoire, son architecture, ses sculptures, ses objets saints qui ont pu être conservés. Elle présente également la particularité de disposer d'un panthéon royal situé aux pieds de l'église, avec des peintures murales romanes et des chapiteaux exceptionnels, ce qui en fait une pièce unique du monde roman. L'ensemble a été construit et agrandi au cours des XI ème et XII ème siècles. Chimène qui était paroissienne de la paroisse Saint-Isidore y épousa le Cid Campeador.
Le musée de San Isidoro : Il réunit des œuvres d'art de grande valeur. Une châsse du xie siècle, en bois recouvert d'argent repoussé et d'une broderie mozarabe qui contient les restes de saint Isidore, le célèbre calice de Doña Urraca fait de deux coupes romaines en agate réunies au xie siècle. Dans une monture en or sertie de pierres précieuses, la châsse des ivoires (arqueta de los marfiles du xe siècle) où chaque plaque finement sculptée représente un apôtre, et une autre châsse décorée d'émaux de Limoges(xiiie siècle.) La bibliothèque conserve plus de 300 incunables et de nombreux manuscrits ornés de miniatures dont une bible de 960, ainsi qu’un palimpseste (parchemin gratté et réutilisé) avec une version latine de la bible transcrite au viie siècle.
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